Comment cultiver de bonnes habitudes en ligne dans un monde fait d’algorithmes

Les enfants adorent YouTube. Un récent rapport du Pew Research Center nous en fournit la preuve : les vidéos s’adressant aux enfants, et tout spécialement celles qui mettent en vedette des enfants, sont trois fois plus populaires que tout autre contenu sur la plateforme. YouTube excelle à attirer l’attention des enfants et à les encourager à regarder toujours plus de vidéos.

Comment YouTube y arrive-t-il? Comme plusieurs autres plateformes, YouTube utilise une intelligence artificielle (IA) fonctionnant grâce à des algorithmes. Ces derniers sont des ensembles de commandes informatiques qui analysent rapidement les indices que leur fournissent les enfants. Les clics sur le bouton « j’aime », le temps passé à regarder une vidéo, le temps écoulé avant que l’utilisateur quitte la plateforme : tous ces comportements sont autant d’indices pour l’IA et ses algorithmes. L’IA tient également compte de la fréquence à laquelle les enfants se limitent à des choix familiers et la compare avec celle à laquelle ils et elles choisissent de regarder des contenus nouveaux et différents. Finalement, la manière même dont les enfants interagissent avec ces prédictions est également transformée en données par les algorithmes, ce qui les aide à s’améliorer et à suggérer du contenu encore plus susceptible d’être aimé et d’être regardé plus longtemps.

Plus les enfants choisissent de consulter ce que l’algorithme leur suggère, plus le comportement de l’algorithme est renforcé et plus il y a de chances que nos enfants se retrouvent dans une « bulle de préférences », une fenêtre étroite et limitée sur le monde qui les entoure.

Cela n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Une bulle de préférences peut empêcher les enfants d’être attirés vers du contenu inapproprié ou susceptible de les troubler. Mais elle peut aussi les enfermer dans un tout petit écosystème qui renforce leurs opinions déjà acquises. D’une certaine façon, une bulle de préférence fonctionne comme tout autre écosystème. Par exemple, il est nécessaire de maintenir un équilibre en ce qui a trait aux bactéries contenues dans notre environnement. Bien sûr, nous voulons développer des habitudes qui limitent la propagation de dangereux virus. Cependant, si notre environnement est trop aseptisé, nous risquons de ne pas avoir un système immunitaire assez fort pour nous permettre de vivre de manière libre et sécuritaire dans le monde.

Pareillement, nous voulons que nos enfants demeurent curieux et curieuses, mais nous voulons également qu’ils et elles puissent développer une solide pensée critique et une énergie créatrice qui leur permettront d’être des citoyen·ne·s numériques actif·ive·s et rempli·e·s d’empathie. Nous voulons que nos enfants puissent programmer leur environnement, et non pas qu’ils et elles soient programmé·e·s par celui-ci.

Voici donc 5 habitudes à intégrer à votre routine quotidienne afin d’accroître votre bulle de préférences et de la rendre plus résistante.

1. Avoir conscience de sa bulle

Aidez votre enfant à réaliser que les IA ne basent pas leurs suggestions sur ce qui est bon pour lui ou pour elle, mais sur ce qu’elles savent qu’il ou elle choisira impulsivement. Encouragez les enfants à réfléchir régulièrement aux choix qui leur sont offerts. Est-ce que les enfants apprennent des choses intéressantes, éducatives ou nouvelles? Ou emmagasinent-ils du contenu?

2. Rechercher activement des idées qui remettent en question sa façon de voir le monde

Choisissez de regarder une vidéo avec laquelle vous n’êtes peut-être pas d’accord, mais qui est tout de même présentée avec candeur et sincérité. Réfléchissez à ce qui est représenté dans le contenu qui vous est suggéré. Consommez-vous du contenu sur des gens différents de vous?

3. Consommer du contenu d’ici et de là-bas

Est-ce que le contenu que vous regardez met en vedette la créativité et l’énergie des gens de votre quartier ou de votre ville, ou regardez-vous plutôt du contenu international? Il est bien sûr important de savoir ce qui se passe dans le monde, mais êtes-vous capable de trouver du contenu qui éveille votre curiosité à propos de gens proches de vous, avec lesquels vous pourriez tisser des liens? Des gens que vous pourriez croiser ou même rencontrer un jour?

4. Déterminer le but de toute période passée en ligne

Les choses que vous lisez et regardez en ligne sont-elles utiles, ou bien sont-elles de simples diversions? Les médias sociaux peuvent et doivent rester amusants, légers et ludiques. Mais s’ils ne sont qu’un moyen superficiel de s’évader, les ennuis et les peurs que vous essayez de fuir continueront de s’accumuler.

5. Passer du temps hors ligne

Prendre des pauses régulières pour réfléchir est à notre bulle de préférence ce que se laver les mains régulièrement est à notre hygiène. Évaluez régulièrement les sentiments que vos activités en ligne provoquent chez vous. Allez dehors. Établissez une routine centrée sur des activités hors ligne. Vous augmenterez ainsi les chances de découvrir des choses intéressantes que vous pourrez ensuite intégrer à votre bulle!

Prêt à en apprendre plus sur le monde des algorithmes qui se cache derrière votre écran? Le projet Décode les algorithmes, une initiative de KCJ et de la CCUNESCO, met à votre disposition et à celle des jeunes de votre entourage toutes les ressources nécessaires pour mieux comprendre le fonctionnement des algorithmes et pour agir en tant que citoyens numériques responsables. Vous avez des questions ou des commentaires? Joignez-vous à la conversation sur Twitter avec le mot-clic #GetAlgoLit.

Un message important de nos amis de l’UNESCO:

Mardi (le 17 mars) en fin de journée, plus de 850 millions d'enfants et de jeunes gens - soit environ la moitié de la population mondiale d’âge scolaire – n’avaient plus accès à leurs établissements d'enseignement.

• Interruption de l'apprentissage. Les inconvénients sont disproportionnés pour les apprenants défavorisés qui ont tendance à avoir moins de possibilités d'instruction en dehors de l'école.
• La nutrition. De nombreux enfants et jeunes dépendent des repas gratuits ou à prix réduit fournis dans les cantines scolaires pour leur alimentation et une saine nutrition. Lorsque les écoles ferment, cet avantage disparaît.
• Protection. Les écoles assurent la sécurité de nombreux enfants et jeunes ; lorsqu'elles ferment, les jeunes sont plus vulnérables et plus exposés.
• Les parents ne sont pas préparés à l'enseignement à distance et à domicile. Lorsque les écoles ferment, on demande souvent aux parents de faciliter l'apprentissage des enfants à la maison et ils peuvent avoir de la difficulté à s'acquitter de cette tâche. C’est particulièrement vrai pour les parents dont l'éducation et les ressources sont limitées.
• Accès inégal aux portails d'apprentissage numériques. Le manque d'accès à la technologie ou à une bonne connexion internet est un obstacle à la poursuite de l'apprentissage, en particulier pour les élèves issus de familles défavorisées.
• Les lacunes en matière de garde d'enfants. En l'absence de solutions alternatives, les parents qui travaillent laissent souvent leurs enfants seuls lorsque les écoles ferment, ce qui peut entraîner des comportements à risque, notamment une mauvaise influence accrue de certains camarades, voire de la toxicomanie.
• Coûts économiques élevés. Les parents qui travaillent sont plus susceptibles de s'absenter de leur emploi pour s'occuper de leurs enfants lorsque les écoles ferment. Il en résulte une perte de revenus et une baisse de la productivité.
• Pression accrue sur les écoles et les systèmes scolaires qui restent ouverts. Les fermetures d'écoles localisées font peser un fardeau sur les écoles car les parents et les fonctionnaires redirigent les enfants vers les écoles qui sont ouvertes.
• Augmentation des taux d'abandon scolaire. Il peut s’avérer difficile de faire en sorte que les enfants et les jeunes retournent et restent à l'école lorsque les écoles rouvrent après les fermetures, ce qui est particulièrement vrai pour les fermetures prolongées.
• Isolement social : Les écoles sont des centres d'activité sociale et d'interaction humaine. Lorsque les écoles ferment, de nombreux enfants et jeunes ne bénéficient pas des contacts sociaux qui sont essentiels à l'apprentissage et au développement.